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    900 g

    #Nouvelle #Poésie
    15-11-2013

    J’ai recherché ton nom dans Google,
    je t’ai trouvé mille fois, 
    mille toi qui n’avaient rien à voir.

    Toi ailleurs et très loin, toi plus vieux, toi enfant.
    Je t’ai trouvé femme et homme,
    je t’ai trouvé fou, nu, sale, vulgaire, bête…

    J’avais grandi dans l’idée qu’on pouvait tout avoir
    et qu’on avait le temps.
    De cette idée est née mon envie du rien
    et mon attitude pressée.

    Alors qu’on nous inculquait un besoin de drame
    dans une vie trop calme,
    j’attendais que les choses arrivent ; 
    que quelque chose arrive enfin.

    On nous donnait le droit d’avoir tout ce qu’on voulait.
    On nous ôtait l’envie d’avoir juste ce qu’on pouvait.
    On nous disait qu’il suffirait de lever en l’air nos deux bras
    pour réussir à toucher le bout du ciel qu’on ne nous permet pas.

    On nous apprenait que le sourire ne serait plus photogénique,
    si bien que si la chance se pointe,
    notre sale gueule habituelle suffirait à lui faire croire qu’on ne la voit pas.
    Alors elle repartirait l’air innocent,
    nous laissant nous complaindre de notre préférence à jouir seul,
    à jouir de nous-même.

    J’ai gardé mes bras bien contre moi,
    parce que le ciel ici ne m’intéresse pas.
    Parce que le doigt levé et la main sur la queue
    je t’emmerde Monsieur et je t’emmerde Madame,
    parce que tu me regardes de haut
    sans même apercevoir ce qu’il se passe en bas.

    900 grammes, c’est le poids qu’on fait lorsqu’on s’envoie en l’air.
    C’est la taille de l’idée qui bouscula ma mère,
    c’est l’abri dans lequel je peux quitter la Terre,
    c’est l’envie qu’on nous donne et l’avis qui nous perd.

    900 grammes, c’est cette bulle qui plane en grimpant doucement,
    qui atteint des sommets et explose à temps.

    900 grammes, c’est tout l’espace qu’il nous reste,
    c’est toute la place qu’on nous laisse,
    c’est toutes ces frasques qui nous blessent.

    C’est une chanson qui crie, c’est une guerre civile,
    c’est un faux-calme qui séduit la crise.

    900 grammes c’est tout ce que l’on pèse.

    Ambiguïté

    9-9-2012 — Nouvelle

    Je suis un homme de soixante cinq ans, ma vie aurait été simple mais voilà, je suis une femme. Je ne suis pas sûre de l’avoir toujours été, je veux dire je ne suis pas sûre d’être née femme, seulement je le suis devenue, car c’était là en moi tel un cancer qui n’attendait qu’à se développer. Et il s’est développé, petit à petit, au fur et à mesure de ma vie. Et aujourd’hui je suis une femme. Pardon maman, pardon papa, vous n’êtes pas là pour le voir, mais je sais à quel point vous me haïriez aujourd’hui. Car même si je n’ai jamais rien fait ni dit qui aurait pu laisser imaginer à qui que ce soit que dans mon corps sommeille une telle ambiguïté, je le suis un point c’est tout, et il m’est impossible de le nier désormais. Pourtant je me rappelle bien avoir joué au soldat, pourtant je me rappelle bien m’être extasiée devant ma première voiture, je me rappelle bien avoir fait des remarques machos, avoir regardé sous les jupes des filles et plus tard même en soulever pour de bon. Je me rappelle de tout ça, je me rappelle avoir été un homme. Mais ça me parait si loin, comme si j’avais vécu une vie avant. Mais non j’en ai bien eu qu’une seule comme tout le monde, car je serais incapable de dire à quel moment j’ai cessé d’être un homme. Un jour je m’étais juré de ne plus jamais y penser, je m’étais dit « Raymond tu as des couilles tu es homme un point c’est tout ! ». J’avais décidé de tourner le dos à ces conneries, parce que tout simplement je ne voulais pas, je ne croyais pas que c’était possible, je croyais être un peu fou à m’attacher à une identité qui ne me ressemblait pas. Alors je me tournais le dos, je cherchais un autre chemin possible, celui de la normalité peut-être, celui qui m’éloignerait de tout ça. Mais j’avais beau regarder chaque direction je tournais en rond, chacune me ramenait là, devant ma glace le matin, un fond de barbe, je me donnais des claques. Maudit miroir je ne pouvais plus te voir, je t’ai brisé plus d’une fois, mais qu’importe je retrouvais toujours mon reflet quelque part, dans une vitrine, dans un caniveau, ou bien dans la Seine. Je me voyais, c’était bien moi.

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    Coups de couple

    28-11-2012 — Nouvelle

    Avant de battre ma femme je buvais. J’avais fini par arrêter parce qu’on n’avait plus les moyens, car tout ce qu’elle gagnait en faisant ses ménages je m’empressais de le dépenser en bouteilles d’alcools bas de gamme, en compagnie desquelles je pouvais cracher sur le monde en toute liberté. Je suis au chômage depuis quatorze ans, tous les chômeurs ne boivent pas mais moi oui. Je n’avais ni de collègues sur lesquels jaser, ni de patron à détester, j’avais juste mes bouteilles et ma femme qui m’aimait de tout son cœur et espérait à tout prix que je trouve enfin un boulot pour qu’on puisse élever un môme. Si elle en avait voulu deux comme tout le monde ça aurait simplifié les choses. J’aurais pu continuer à ne pas travailler, les allocs se seraient occupées du reste. Moi je ne voulais pas d’enfant de toute manière. Alors je n’ai pas cherché de travail et j’ai arrêté de boire ; puis j’ai commencé à frapper ma femme. La première fois juste une gifle, parce qu’elle m’avait traité de fainéant, et comme c’est la vérité, et que ce n’est pas la société qui est responsable de ma situation comme je le dis toujours quand je suis saoul ; et bien je l’ai giflée. J’étais à jeun, je savais qu’elle avait raison, que je suis un fainéant, mais je ne voulais pas le savoir, je ne voulais pas qu’on me le dise, je voulais que le monde continue de s’apitoyer sur mon sort. Alors c’est parti, il n’y avait pas d’autre réponse envisageable. Puis elle s’est excusée.

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    Devoirs de vacances

    15-11-2012 — Nouvelle

    J’ai dix ans, je sais que ce n’est pas vrai mais j’ai dix ans. Ce matin je me suis réveillé les cheveux en pétard, la maîtresse avait envahi mes rêves qui s’étaient alors transformés en cauchemars. J’étais en retard pour aller à l’école car maman avait oublié de me réveiller. Hier, je n’ai pas fait mes devoirs parce que les copains sont passés me chercher pour aller jouer au foot. Je suis rentré après l’heure autorisée, alors papa m’a grondé et j’ai dû aller me coucher sans même avoir le droit de manger. Je vais encore me faire punir. Tant pis ! Je ferai un truc vite fait dans le bus, pour faire croire quand même que j’ai un peu travaillé, parce que ça fait déjà trois fois ce mois-ci que mon chien a mangé mon cahier.

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    Il est question de souvenirs

    11-4-2024 — Autre, Poésie

    De se souvenir.

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    L'utopie s'éloigne

    1-11-2022 — Poésie

    Le monde est trop petit
    Trop petit pour contenir nos corps

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    Le cube rouge

    14-11-2012 — Nouvelle

    À vu d’oeil cette cellule faisait à peu près deux mètres de large sur deux mètres de long sur deux mètres de haut. Compressé, j’étais compressé. Paraîtrait que je l’aurais mérité. Criminel de haut niveau, qu’avais-je à dire pour ma défense ? Que je regrettais, que c’étaient des accidents, que je m’excusais, que j’aurais pu éviter tous ces meurtres, que pour les familles au moins je faisais preuve de compassion ? N’y comptez pas. Ces paroles d’avocat n’ont pas été les miennes. Je ne regrette rien, ce n’étaient pas des accidents, je ne m’excuserai pas car si je les ai tué c’est simplement qu’ils étaient là devant moi et que je devais passer, alors c’est tant pis pour eux, tant pis pour leur famille. Désolé mesdames et messieurs mais je ne me repentirai pas, car je crois au fond que si je faisais ce métier c’était bien pour qu’un jour on m’attrape, que tout le monde voit mon visage, voit à quel point je vous ressemble, que tout le monde se dise enfin « ça y est on l’a eu cet enfoiré ! », que tout le monde sache que tout ça c’était moi. Parce que je n’ai rien caché, même ce dont ils ne se doutaient pas je l’ai avoué, parce que de toute façon j’aurais fini ma vie au trou, dans ce cube rouge, cube par sa forme, rouge car de haute sécurité. Je suis un dealer, je suis un braqueur, je suis un assassin, un tueur à gage, sans le prévoir je fus même une fois un violeur, dans vos bouches je suis une pourriture, un salaud, une ordure, de si petites insultes parce que vous ne trouvez pas vos mots, parce que je n’ai pas de nom, je n’ai pas de raison d’exister. Mais sachez juste que je ne suis pas moins que vous.

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    Le Petit Chaperon rouge

    22-1-2013 — Dessin, Nouvelle

    Il était une fois une petite fille de village, la plus jolie qu’on eut su voir : sa mère en était folle, et sa mère-grand plus folle encore. Cette bonne femme lui fit faire un petit chaperon rouge, qui lui seyait si bien, que partout on l’appelait le Petit Chaperon rouge.

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    Un jour de bon matin

    13-11-2012 — Dessin, Nouvelle

    Un jour de bon matin j’ai tiré une balle, elle est partie pour toujours. Sept heures, le bras tendu, le flingue dans la main et l’autre poing serré. Mes yeux grands ouverts.

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    Une nuit avec Whitney Houston pour pas mal d'argent

    18-3-2014 — Autre, Nouvelle

    L’émission qui fera péter l’audimat sur Arte sera présentée par un pâle sosie de Pascal Sevran, et passera à une heure de petite écoute (aux alentours de 1h30 du matin), parce qu’il n’y aura pas grande concurrence sur les autres chaînes. En revanche, bien que présenté par un sosie de Pascal Sevran, ce jeu n’aura rien à voir avec la chanson française, la seule raison pour laquelle l’animateur aura de faux airs de ce regretté Pascal est parce qu’il fera bien son boulot.

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